Quand l’ésotérisme guide l’éducation, témoignage en école Steiner

Quand l’ésotérisme guide l’éducation, témoignage en école Steiner

Dans les écoles Steiner-Waldorf, éducation et ésotérisme s’entremêlent, laissant place à des pratiques déroutantes et méconnues

À travers le récit de Julie*, cet article révèle comment une pédagogie fondée sur les principes anthroposophiques peut entraîner des défaillances aux conséquences potentiellement préjudiciables pour le bien-être des enfants et leur suivi éducatif. Entre opacité et rétention d’informations, évaluations subjectives et pratiques pseudo-scientifiques, l’expérience de Julie soulève des questions cruciales sur la transparence et la rigueur au sein de ces institutions éducatives alternatives.

* Julie, nom d’emprunt

Écoles Steiner et l’anthroposophie

Les écoles Steiner-Waldorf et sa pédagogie ont été développées par Rudolf Steiner en 1919, un mystique autrichien fondateur de l’anthroposophie. Ces établissements se distinguent par une approche éducative alternative intégrant non seulement le développement intellectuel et physique des enfants, mais aussi leur dimension spirituelle.

L’anthroposophie, quant à elle, est une doctrine religieuse occultiste créée par Steiner. Elle propose une vision du monde et des phénomènes alliant spiritualité et ésotérisme, visant à harmoniser l’esprit humain avec l’univers. Cette doctrine imprègne les pratiques des écoles Steiner-Waldorf, bien que ses fondements soient souvent dissimulés aux parents et aux élèves, ce qui suscite des controverses, notamment en raison de son approche pseudo-scientifique et de dérives potentielles dont alerte la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires).

Sous le regard jugeant, isolement et ennui

Les deux premières années de Julie se sont déroulées sans incident majeur, et ses parents entretenaient de bonnes relations avec le personnel de l’établissement. Cependant, lors de sa dernière année de maternelle, alors qu’elle n’avait que 6 ans, Julie a commencé à ressentir un changement subtil et prégnant. Elle percevait un “regard désapprobateur et rabaissant” de la part de sa jardinière, une attitude différente de celle qu’elle avait envers ses autres camarades. Elle la considérait autrement, ce qui, conjugué à un ennui croissant face aux activités proposées, a progressivement conduit Julie à ne pas se sentir tout à fait à sa place et à développer un sentiment d’inconfort durable.

Ce n’est qu’à l’âge adulte, après avoir discuté avec sa mère et examiné les documents qu’elle a pu récupérer, que Julie a pleinement mesuré l’impact que cela avait eu sur son bien-être à l’époque.

Manque de surveillance et violences scolaires

Au début des années 1990, bien que l’école fût déjà sous contrat avec l’État, elle souffrait d’une surveillance manifestement insuffisante. Julie se souvient des jeux de chat-souris qui dégénéraient souvent en prétextes pour des passages à tabac qu’elle, ainsi que d’autres camarades, ont subis. Ces moments de brutalité, amplifiés par l’absence de supervision adéquate ou par un certain laisser-aller, exposaient des enfants vulnérables face aux excès de violence de certains élèves. Ce ne fut que quelques années plus tard que Julie en parla à sa mère.

Un incident particulièrement marquant pour Julie fut la découverte d’une échelle abandonnée dans la cour par un groupe d’enfants. Sans que les adultes semblent s’en préoccuper, ils tentèrent de grimper sur le toit du bâtiment, mettant ainsi leur sécurité en danger.

Ce genre d’incidents, fréquemment signalés dans des écoles Steiner, révèle un problème systémique lié aux croyances anthroposophiques :

« Les éducateurs laissent faire les violences entre enfants. Une intervention inappropriée ferait reculer l’enfant dans son karma et il ne pourrait pas compenser ensuite » explique Marc Giroud, ancien éducateur en école Steiner-Waldorf [1].
Une mère a reçu pour réponse que sa fille avait été harcelée « à cause de sa charge karmique négative, héritée d’une vie antérieure » [2].

Un Entretien révélateur de profonds dysfonctionnements

Lors d’un entretien pour discuter du passage de Julie en CP dans la même école, les parents se retrouvent face à deux professeurs qu’ils n’ont jamais vu et qui ne s’étaient jamais occupés de leur fille. Froidement, ces derniers annoncent que Julie “aurait de graves difficultés”, évoquant des “doutes sur ses acquisitions et son développement psychique”.

Cette révélation surprend les parents, en particulier la mère, psychologue de profession, qui n’avait jamais détecté le moindre trouble chez sa fille. Ce diagnostic, tombé du ciel, laisse les parents abasourdis, ils demandent l’origine des troubles “qui et depuis quand a-t-on pu observer un si gros problème, sans que nous en soyons informés ?”.

Aucune explication concrète ne leur est fournie, si ce n’est un vague : « C’est le médecin qui l’a dit, donc c’est vrai. »

Une méthode de diagnostic trouble et défaillante

Déterminée à comprendre l’origine de ce diagnostic, la mère de Julie commence à mener sa propre enquête. Elle se tourne d’abord vers la jardinière d’enfants qui a suivi sa fille pendant trois ans. À sa grande surprise, celle-ci affirme ne pas comprendre d’où vient le problème et assure que si la petite avait réellement présenté des difficultés, elle en aurait immédiatement informé les parents. Elle les invite à demander son rapport et fait comprendre que la visite médicale n’aurait duré que 5 minutes.

La mère de Julie obtient ensuite un rendez-vous avec le médecin de l’école, un praticien de la pseudo-médecine anthroposophique. Là encore, la stupeur est totale : non seulement le médecin admet ne pas se souvenir de l’examen, mais avoue également s’être basé uniquement sur les dires de la jardinière, présente lors de la visite médicale, pour établir son diagnostic. Comme si cela ne suffisait pas, un responsable de l’école finit par confesser que la jardinière “n’aurait pas osé les prévenir des problèmes rencontrés par leur enfant”, remettant ainsi en question sa sincérité. On croit rêver.

Les parents demandent alors des comptes à l’école : ils veulent voir le dossier complet de leur fille, comprenant le dossier d’évaluation de la jardinière et le fameux rapport de la visite médicale. Mais l’école traîne les pieds. 

Eurythmie 

Dans l’intervalle, une eurythmiste curative réputée, opérant en Suisse au Goetheanum (centre de la Société Anthroposophique), est invitée par l’école “pour compléter l’image” de la petite Julie. Ceci sans même que les parents en soient informés. Julie ne s’étant pas présentée ce jour-là à l’école pour cause de maladie, la rencontre n’a finalement pas eu lieu.

Danse thérapeutique

L’eurythmie thérapeutique est une méthode développée dans le cadre de la médecine anthroposophique. C’est une danse théurgique et sacrée reposant sur des mouvements symbolisant des lettres visant à harmoniser les différents corps de l’être humain, c’est-à-dire le corps physique, éthérique, astral et le Moi.

Ces mouvements sont censés influencer non seulement la santé physique, mais aussi le caractère, l’état émotionnel, l’aura et le développement karmique de la personne. Cette pratique n’est pas validée scientifiquement et son efficacité n’est pas reconnue par la médecine conventionnelle.

Opacité et refus

Après des mois de demandes répétées, les parents de Julie finissent par obtenir le bulletin de santé rédigé par le médecin de l’école. Ce document confirme les “difficultés” mentionnées précédemment, sans apporter le moindre éclairage supplémentaire sur la situation de leur fille.

Le reste ?
L’école refuse obstinément de le communiquer, prétextant que ce document lui appartient. Une réponse qui semble tout droit sortie d’une administration kafkaïenne.

Ce refus de communiquer des documents essentiels ne semble pas être un simple dysfonctionnement administratif. Il reflète l’idée qu’elle fonctionne selon des règles internes opaques, loin des standards de transparence exigés par les lois éducatives françaises.

La mère de Julie ne se décourage pas et réitère inlassablement sa demande, multipliant les démarches auprès de l’école. La frustration et la colère remplacent progressivement la surprise et l’incompréhension. Face à l’inertie persistante, elle décide finalement de contacter l’inspection académique.

Description déroutante et jugements inappropriés

Les parents retirent leur fille de l’établissement, et ce n’est que trois ans plus tard, après des efforts constants, qu’ils obtiennent enfin le rapport rédigé par la jardinière. 

Lorsqu’ils le parcourent, ils sont frappés par le portrait déconcertant qui y est dressé. Leur fille y est décrite comme une enfant “aérienne” un peu “ailleurs”, comparée à “un oiseau tombé du nid”, tout en soulignant qu’elle est dotée d’une “mémoire infaillible” et qu’elle emploie “un vocabulaire d’adulte”.

Au lieu de soulever des questions concrètes ou des inquiétudes légitimes concernant le développement éducatif et psychique de Julie, ce rapport s’attarde principalement sur des détails superficiels : l’apparence “vaporeuse” des cheveux de Julie, la froideur de ses extrémités, sa voix “haut perchée laissant apparaître un ‘chuintement’ lorsqu’elle prononce le son ch”, ainsi que ses choix vestimentaires jugés “inappropriés” et “démodés”. Ces observations, d’une minutie presque obsessionnelle et malaisante, révèlent davantage les jugements personnels de l’éducatrice, influencée par l’observation sensible anthroposophique, qu’une évaluation pédagogique professionnelle objective et éclairée.

De plus, aucune mention n’est faite de difficultés scolaires ou d’obstacles spécifiques, si ce n’est une vague allusion à son attitude rêveuse et à son manque d’intérêt pour certaines activités artistiques et manuelles si abondantes dans les écoles Steiner.

Mais ce n’est pas tout. La jardinière se permet également de juger la mère de Julie, suggérant que celle-ci, malgré sa formation en psychologie, n’a pas “complètement saisi” la pédagogie de l’école “car elle ne parle pas toujours le même langage que nous”. Ajoutant qu’il “faudra peut-être s’assurer que son engagement dans l’école aille au-delà de quelques personnalités qu’elle rencontrera et admirera et pour lesquelles elle se dévouera sans limite”. Ce jugement, en plus d’être déplacé, insinue que l’engagement de la mère serait motivé par sa relation personnelle avec une autre mère d’élève, plutôt que par un réel intérêt pour l’éducation de sa fille, remettant ainsi en question sa capacité à s’impliquer de manière authentique dans la communauté scolaire.

Pour les parents, ce document, loin d’apporter des éclaircissements, ajoute au contraire une couche supplémentaire de confusion. Il les convainc définitivement que les diagnostics posés sur leur fille étaient infondés, basés sur des critères sans pertinence éducative ni médicale, et qu’ils ne justifiaient en aucun cas les conclusions alarmantes formulées à l’égard de leur enfant.

« L’école se doit d’informer les parents en temps utile des éléments de santé et de scolarité qu’elle détient, surtout après une visite médicale comportant des éléments et des informations alarmantes pour l’avenir d’un enfant, tant pour sa santé que son avenir scolaire. »

Mère de Julie, lettre à l’inspection académique

Julie elle-même, en relisant ce rapport des années plus tard, exprime son incompréhension : « Je ne comprends pas ce rapport. Il est totalement subjectif et inutile en termes d’évaluation pédagogique et de suivi scolaire ! »

Observation anthroposophique et tempéraments 

L’observation dite “sensible” anthroposophique repose sur une approche occultiste développée par Rudolf Steiner, inspirée par les idées de Goethe. Cette méthode vise à pénétrer la substance de toutes choses, à capter son essence profonde, intrinsèque, divine, par une observation fine, méditative et intuitive. Il est question d’examiner non seulement avec le regard physique mais aussi avec celui du spirituel (clairvoyance intuitive). 

Lorsqu’il est question d’individus, comme c’est le cas en pédagogie Steiner, les moindres détails physiques, ce qu’ils dégagent intuitivement, les habitudes et préférences, ainsi que le comportement visible et invisible de l’enfant sont décortiqués avec une minutie intrusive.

Des enseignants Steiner cherchent ainsi à capter le Moi (l’âme) de l’élève afin de pouvoir lui attribuer l’un des quatre tempéraments définis par l’anthroposophie (lire encadré), et ainsi mieux le guider vers sa mission de vie et son élévation spirituelle et karmique.

4 tempéraments et claustration

Dans la pédagogie Steiner, les quatre tempéraments hérités de la théorie des humeurs de la médecine antique et réinterprétés selon les principes anthroposophiques, jouent un rôle central.

Les élèves sont classés selon ces tempéraments désuets, identifiés à travers l’observation sensible, afin d’adapter l’approche pédagogique aux besoins perçus de chaque enfant.

Cette catégorisation est censée aider à déterminer les forces et les défis spécifiques de chaque enfant, afin de les guider de manière holistique :

  • Sanguin
    Enfant vif et joyeux, à stabiliser par des activités répétitives.
    Symbolise l’élément air et est lié au corps éthérique, influencé par des forces astrales légères.
     
  • Colérique
    Enfant déterminé, à canaliser par des activités physiques ou directives.
    Symbolise l’élément feu, lié au corps astral, associé à des forces cosmiques dynamiques et agressives.
  • Mélancolique
    Enfant introspectif et sensible, à encourager par des activités artistiques.
    Symbolise l’élément terre et est lié au corps physique, perçu comme portant une plus grande charge karmique.
     
  • Flegmatique
    Enfant calme et stable, à stimuler par des défis modérés.
    Symbolise l’élément eau, en équilibre entre les corps éthérique et physique.

Chaque tempérament est également associé à certains traits physiques censés refléter et influencer la personnalité de l’individu. Une approche morphopsychologique, visible dans le rapport de l’éducatrice sur Julie, vivement critiquée pour son caractère pseudo-scientifique au fondement racialiste.

  • Sanguin
    Corps léger et agile, mouvements vifs et dynamiques, visage expressif possédant un regard alerte, teint clair ou légèrement rosé
     
  • Colérique
    Corps robuste et musclé, démarche assurée, posture droite et déterminée, visage aux traits marqués, teint souvent rougeâtre ou intense
  • Mélancolique
    Corps mince ou frêle, épaules légèrement voûtées, mouvements lents et mesurés, teint pâle ou terne, avec une expression faciale préoccupée ou introspective
     
  • Flegmatique
    Corps rond ou corpulent, mouvements lents et réguliers, visage serein à l’expression calme, teint doux ou jauné

Ces préoccupations ont notamment été soulevées dans un article du journal Le Point, qui a attiré l’attention sur un enseignant Steiner promouvant cette théorie “délirante et raciste”.

À la lecture du rapport de la jardinière, l’on comprend mieux que cette minutie subjective est issue de sa pratique de l’observation sensible anthroposophique.
Lorsqu’elle note que Julie est “aérienne”, qu’elle “se déplace sur la pointe des pieds”, décrit sa silhouette, la teinte et la forme de son visage, et s’attarde sur des détails tels que la couleur et le nombre de ses barrettes, ce sont autant d’éléments que l’observation sensible interprète non pas comme de simples caractéristiques d’un enfant, mais comme des signes révélateurs de son tempérament et de son état spirituel.

Les institutions représentant les écoles Steiner-Waldorf vantent leur pédagogie anthroposophique comme une approche holistique et respectueuse du développement et du rythme de l’enfant (lire encadré : le septénaire). Les pratiquants croient sincèrement à l’efficacité de cette méthode. Cependant, elle est très controversée, non seulement parce qu’elle repose sur des interprétations arbitraires, mais aussi en raison de son assise ésotérique et de son absence de fondement scientifique.

Le septénaire, rythme naturel de l’enfant

Dans la pédagogie Steiner, le développement de l’enfant est structuré selon des cycles de sept ans, appelés septénaires, basés sur les conceptions ésotériques de Rudolf Steiner, resucées de la théosophie (mouvement occultiste et ésotérique d’Helena Blavatsky).

Des éducateurs Steiner ajustent leurs pratiques pédagogiques en fonction de ces cycles, croyant qu’ils correspondent à des lois cosmiques et spirituelles importantes pour l’évolution de l’enfant :

  • 0-7 ans
    Formation du corps physique et début du développement du corps éthérique.
    Période dédiée à l’imitation, au jeu libre et à l’imagination. Les activités intellectuelles abstraites, comme l’apprentissage de la lecture, sont déconseillées avant que l’enfant ne commence à perdre ses dents de lait, sous prétexte qu’elles pourraient épuiser le développement du corps éthérique, favorisant ainsi l’émergence de futures maladies.
  • 7-14 ans
    Éveil du corps éthérique, lié aux forces de croissance et au développement émotionnel.
    Introduction progressive des arts, des récits mythologiques, et de la discipline visant à cultiver le sentiment et l’âme.
  • 14-21 ans
    Développement du corps astral, marquant l’émergence des émotions, de la conscience individuelle.
    Focus sur l’engagement intellectuel et moral, avec une éducation orientée vers l’éveil du “Moi” spirituel.

Ces présupposés ésotériques sont liés à l’incarnation progressive des différents corps subtils (physique, éthérique, astral et le Moi spirituel). Ce “rythme” est censé refléter des lois cosmiques et karmiques, influençant le destin individuel et celui de prochaines transmigrations (réincarnations).

On peut légitimement se demander si l’incapacité à faire entrer Julie dans les moules établis par l’approche des quatre tempéraments anthroposophiques n’a pas conduit à un diagnostic biaisé et à des conclusions infondées sur son niveau d’acquisition et son état psychologique.

Bien que la pédagogie Steiner se revendique laïque et se présente comme une approche éduquant vers la liberté, elle repose principalement sur des concepts ésotériques sans aucun fondement scientifique ni éducatif validé. En basant l’éducation sur des notions telles que les corps subtils et les cycles de réincarnation, cela peut conditionner les enfants à des croyances spirituelles spécifiques, et peut également créer, chez les éducateurs, une dépendance à des doctrines infondées, au lieu d’utiliser une méthode éducative éprouvée, ouverte et adaptable aux besoins individuels réels. Des éléments dont peu de parents semblent être informés.
(à lire La spirale de la dissimulation, récit d’un endoctrinement en école Steiner)

« Il faut surtout insister sur ce point : l’ensemble de cette catégorisation et cette idée du rythme naturel de l’enfant sont profondément déconnectés et en contradiction avec ce qu’on sait aujourd’hui sur le développement cognitif et socio-émotionnel de l’enfant. »

Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement et de neurosciences cognitives de l’éducation à l’Université Paris Cité, et directeur du Laboratoire de Psychologie du Développement et de l’éducation de l’enfant (LaPsyDÉ – CNRS)

Des critiques soulignent que la pratique de l’observation sensible et la classification des quatre tempéraments peuvent influencer négativement le développement psychologique et comportemental de certains élèves en façonnant la manière dont ils sont perçus et traités par l’institution, comme ce fut le cas pour Julie. Cela peut également les stigmatiser dès le plus jeune âge, les enfermant dans des catégories rigides et déterministes, les obligeant ainsi à se conformer à un cadre imposé.

Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement et de neurosciences cognitives de l’éducation, avec qui nous avons pu échanger, critique fermement ces méthodes, les qualifiant “d’aberrantes” et totalement incompatibles avec les connaissances actuelles. Il souligne que ces approches ignorent la complexité du développement cognitif et de la plasticité cérébrale, “on sait que les bébés, bien avant le langage, ont accès à une pensée extrêmement complexe qui leur permet déjà d’accéder à l’abstraction ; le septénaire ainsi que ces tempéraments ne reposent sur rien”. Il met également en garde contre les fondements idéologiques douteux de ces pratiques, “ouvrant la porte à toutes sortes de dérives, comme celles des théories eugéniques et racialistes évoquées”.

Transition vers le public et épanouissement

Après avoir retiré Julie de l’école Steiner à la fin du jardin d’enfants, ses parents l’ont inscrite dans une école publique, malgré quelques appréhensions. Julie a rapidement trouvé ses repères après un petit délai d’adaptation. Loin de se sentir différente, elle s’est pleinement intégrée et a commencé à s’épanouir, surtout grâce à la stimulation intellectuelle qu’elle y a trouvée et dont elle manquait cruellement.

Dès son entrée en CP et tout au long de sa scolarité, Julie s’est distinguée par ses excellentes performances, se plaçant régulièrement en tête de classe. Aujourd’hui, elle est une femme accomplie et épanouie, et aucun des troubles ou difficultés évoqués par l’école Steiner n’a jamais été diagnostiqué, bien au contraire.


[1] Slate : Violences, abus, racisme: la loi du silence des écoles Steiner-Waldorf
[2] 20 Minutes : Une école Steiner accusée d’être une secte violente

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